Halimi Abdallah ([email protected])
La ville d’Agadir s’apprête à commémorer le 62ème anniversaire de sa reconstruction après le violent tremblement de terre qui a frappé la ville la nuit du 29 février 1960.
Le 29 février 1960 (2 Ramadan1380), 23h40, le Cinéma Salam avait programmé le film américano-japonais : «Godzilla», l’histoire de ce chimpanzé qui détruit une ville, Agadir se mit à trembler et les spectateurs croyaient qu’il s’agit vraiment d’un «Godzilla», alors que c’est la terre qui tremble, et qui détruit en 15 secondes une ville.
En réalité, la ville d’Agadir, qui comptait plus de 45 mille habitants, fut dévastée par un violent séisme d’une magnitude de 5,7 sur l’échelle de Richter entraînant un nombre impressionnant de victimes : 15 mille morts en 15 secondes. 90% de la ville fut détruite surtout le quartier Founty, la Kasbah, Ihchach, Talborjt et une partie de la nouvelle ville. «Agadir : Plus de 5000 victimes morts et blessés ; la ville aux trois quarts détruite», «Agadir : c’est Pompéi vu d’avion, le célèbre site de la Kasbah a disparu», titre Le Petit Marocain (édition n° 13283 du 2 mars 1960). L’envoyé spécial du journal Chouffani El Fassi décrit la catastrophe : «Jamais dans l’histoire du Maroc on n’a vu ou connu une aussi terrible catastrophe comme celle du 29 février qui sans nul doute va marquer tous les esprits, une date inoubliable mais douloureuse» (édition du 1er mars 1960). La catastrophe a été aussi violente que celle qui a frappé la ville de Lisbonne en 1755. « Agadir demeure plongée dans le cauchemar… une ville morte, une ville foudroyée, sans aucune présence humaine que celle des sauveteurs… » (Gérard Marin, Le Figaro du 3 mars 1960).
Cette tragédie a pris une dimension internationale par l’intervention de plusieurs pays pour secourir les victimes : la 7ème flotte américaine, des escadres françaises, néerlandaises, portugaises… «Demain comme hier, Agadir sera l’exemple de la cohabitation fraternelle entre toutes les nationalités, de la confiance, du dynamisme, du travail, de l’espoir», Feu Mohamed V s’adressant aux ambassadeurs (Le Petit Marocain, N° 13292, du 7 mars 1960).
Aujourd’hui, une nouvelle ville moderne renaît, reconstruite grâce à l’appel de Feu Mohammed V resté gravé à nos jours sur le mur de souvenir en face du siège de la mairie : «Si la destruction d’Agadir est l’œuvre du destin, devant lequel nous sommes impuissants, sa construction sera de notre volonté et notre foi», soulignait Feu Mohammed V, (Le Petit Marocain, N° 13292, du 7 mars 1960), de même «La calamité qui nous a frappés loin de nous décourager et nous abattre» (Feu Mohamed V, 7 mars 1960).
Tous les moyens ont été mis à l’œuvre pour rendre vie à la ville d’Agadir «Agadir sera reconstruite, le 1er mars 1961 nous inaugurons une nouvelle ville», lançait SAR Prince Moulay Hassan (Feu Hassan II). Après des études géologiques et sismologiques, un plan d’urbanisme élaborant les règles antisismiques à appliquer a été soumis et approuvé par le Souverain.
Certes, une ville est reconstruite en béton : des projets immobiliers, hôteliers, commerciaux, caractérisés par une urbanisation occidentale, offrent une image d’une ville moderne, autrefois nommée «Miami de l’Afrique». Or la ville a perdu, aujourd’hui, son aspect typique du «Maroc traditionnel». Pour certains, Agadir est devenue une ville-dortoir marquée par une poussée gigantesque des immeubles dans un espace réduit. Cependant, il est temps de valoriser le patrimoine bâti, de sauver le site Agadir Oufella.
A la mémoire des rescapés et victimes de cette catastrophe, le Forum Izorane N’Agadir en collaboration avec la Commune urbaine d’Agadir, a prévu un programme riche à l’occasion de 62ème anniversaire de la Reconstruction de la ville, un geste pour préserver la mémoire collective de la ville.