L’Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA) a organisé, ce vendredi 25 février, à Rabat, un colloque scientifique sur le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles. Il s’agit de présenter les résultats des recherches et des études effectuées pour élucider ce phénomène, détecté récemment dans le Royaume. Il s’agit d’ une interaction de plusieurs facteurs notamment climatiques et environnementaux et non pas d’une de maladie spécifique, a indiqué le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohamed Sadiki.
Les recherches menées par l’ONSSA ont montré que plusieurs facteurs sont liés à l’apparition de ce phénomène : conditions climatiques telles que l’augmentation de la température et le déficit de précipitations, aux conditions environnementales telles que l’insuffisance des pâturages en quantité et en qualité, aux conditions liées à l’état sanitaire des ruchers et les moyens de prévention utilisés, ainsi qu’aux conditions liées aux pratiques et à la conduite des élevages apicoles.
Le ministre a fait savoir que le département de l’agriculture a mis en place un plan d’action pour appuyer la filière et réduire les effets de ce phénomène. Ce plan comprend plusieurs actions à savoir :
- La réalisation d’une compagne nationale de traitement contre la varroase, un parasite bien connu et qui fait l’objet de traitement régulier annuellement ;
- La mise en œuvre d’un programme de sensibilisation au profit des apiculteurs sur les bonnes pratiques apicoles.
- Le renforcement du système national de surveillance et de suivi des mortalités et des disparitions des abeilles, de la conduite des travaux de recherche scientifique en relation avec ce phénomène ;
- L’appui des apiculteurs touchés pour le repeuplement des ruches ;
- L’organisation de la transhumance pour une meilleure gestion des parcours ;
- La mise en place d’une base de données nationale pour l’enregistrement des apiculteurs et leur traçabilité.
Selon l’intervention du ministre, le secteur apicole a connu « un développement sans précédent » sous l’impulsion de la stratégie de développement agricole le Plan Maroc vert depuis 2008 à 2020. Il s’agit donc d’une augmentation significative du nombre d’apiculteurs : plus de 36.000, des ruches : environ 1 million et de la production de miel qui est de l’ordre de 8000 tonnes, soit une valeur ajoutée de 822 millions de dirhams (MDH) avec 2,45 millions de journées-travail durant la même année, donc une filière génératrice d’emplois , a soutenu M. Sadiki.
De son côté, le docteur Abderrahman El Abrak de l’ONSSA a mis en avant le rôle socio-économique du secteur apicole au Maroc, relevant que « plus de 36.000 apiculteurs (910.000 ruches en 2019) tirent leurs revenus totalement ou partiellement de cette activité ».
Cette conférence a été également une occasion pour M. El Abrak d’exposer les premières investigations entreprises par l’ONSSA sur le terrain, relevant que celles-ci ont mobilisé 32 équipes. « Des enquêtes ciblées ont été menées dans 21 provinces et des prélèvements et analyses de laboratoire ont également été effectuées dans le cadre de ces investigations », a-t-il fait savoir.
Et de préciser: « Les principaux résultats des investigations de laboratoire ont relevé la présence de la varroase et de la nosémose chez certains apiculteurs et dans certaines provinces (dans 15% et 8% des échantillons respectivement), l’absence de trois maladies (loque européenne, loque américaine et acariose), ainsi que l’absence de toute infection clinique due au virus du couvain saccifrome ».
El Abrak a également fait savoir qu’ »une enquête élargie » est en cours de réalisation visant notamment à évaluer l’ampleur du syndrome au niveau national et à déterminer les facteurs prédisposant à l’apparition de ce syndrome.
Ont pris part à ce colloque scientifique plusieurs chercheurs et experts nationaux et internationaux d’Australie, Belgique, Etats-Unis, France, Belgique et Royaume Uni, des organisations internationales, des opérateurs et professionnels du secteur, des représentants d’associations de consommateurs, ainsi que des responsables centraux et régionaux du ministère.