Agadir 24 –Saoudi El Amalki
La vie créative de l’artiste-peintre, Abdallah Aourir, n’a jamais été de tout repos, comme peut l’être la plupart de ses pairs, du moins dans le Souss. Depuis son enfance, l’homme a connu des péripéties multiples, car déjà rescapé du séisme d’Agadir en 1960, où il a failli périr sous les décombres, après, à l’âge de presque quatorze ans, il se faisait adopter par une famille belge, étant profondément affecté par cette horrible hécatombe. Mais, au lieu de s’emmitoufler dans les « égards » de l’occident, il préférait retourner au bercail et retrouver les nostalgies identitaires.
C’est ainsi que naissait en lui, l’envie ardente de se balader dans le globe, tel un bohémien épris de découverte, de trouvaille et d’aventure. Il se rendit en Afghanistan, au Népal, en Iran, au Pakistan, en Inde, au Tibet, en Jordanie, en Iraq ainsi que toute l’Europe, souvent à pieds, tout en sillonnant de long en large les États-Unis l’Amérique et en croisant nombre de personnalités mondiales de tout acabit ; Jimmy Hendrix, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Saddam Hussein, Picasso…
Cette longue cavalcade, riche en diversité d’art et de culture, lui a permis de s’emmagasiner en bribes de civilisations de tous les recoins du monde, tout en transmettant des messages humanistes, à travers ses expositions un peu partout, dans la rue, l’hôtel, le lieu public, là où il atterrissait et portant son book-press durant son périple interminable.
Ce parcours aussi laborieux qu’émouvant fut l’objet d’un débat convivial au café littéraire Caprice, fort connu pour ce genre de rencontres amicales où le débat s’enclenche entre intellectuels et artistes de la cité. Brillamment modérée par un vieil ami de l’artiste globe-trotter, Lahcen Nachef, cette retrouvaille a rassemblé toute une pléiade d’éminences de tous bords, qui vient surtout rendre hommage, en guise de reconnaissance et gratitude, en direction de cette sommité de la militance artistique dont l’itinéraire tumultueux et remarquable n’est pas toujours assez mis en valeur. Attaché aux sources de la terre ancestrale et fervent fan de la culture Amazigh, jusqu’aux entrailles, Abdallah Aourik qui mène sans cesse une vie de troubadour plasticien, traînant une ardue histoire, demeure à jamais le baobab de l’art où l’expression artistique est synonyme de chevalerie et chasteté humaines. La soirée ramadanienne qui réunissait ce parterre de l’intelligentsia locale a constitué encore une fois, un beau et pathétique story d’un artiste exceptionnel qui porte en son sein toute une vie marquée de séquelles du fléau naturel, de vestiges indélébiles de la cité sinistre et de sillons d’une chevauchée planétaire !