Dans une visite effectuée au salon international du livre et de l’édition à Rabat, le jeune écrivain Lahoucine Bouyaakoubi Anir, Professeur chercheur à l’université Ibn Zohr (Agadir) a mentionné dans un commentaire publié récemment, sur les réseaux sociaux , l’évolution de la présence de l’amazighité dans le salon de Rabat et plus précisément souligne-t-il, des livres écrits en Amazigh.
Il a découvert alors que cette évolution ne suit pas vraiment, la percée qualitative qu’a connue le traitement de l’amazighité par l’État marocain au cours des vingt dernières années. Il a aussi constaté que ceux qui assistaient aux éditions de Casablanca dans les années ‘90’ du siècle précèdent, se souviendraient précise-t-il, de l’absence totale de l’amazighité au niveau de l’identité visuelle du salon, avec une présence solitaire en termes de livres exposés, se limitant à deux stands : le premier pour « l’Association Marocaine pour la recherche et l’échange culturel », de taille relativement respectable, et le second pour « Tamaynut », filiale de Casablanca .
Ces deux stands ajoute-t-il dans son commentaire, étaient pris d’assaut par les intéressés, posant des questions dans divers domaines, de l’histoire à la linguistique, de l’anthropologie à la littérature, mais devenaient aussi des lieux de débats houleux, se transformant en grandes cercles qui entravaient la circulation, surtout lorsqu’un des opposants notoires à toute discussion sur les droits linguistiques et culturels amazighs était présent.
pour le jeune écrivain anthropologue, La situation est restée ainsi, malgré le faible nombre de publications en amazigh, jusqu’à l’émergence de la reconnaissance de l’amazighité avec la création de l’Institut royal de la culture amazighe en 2001.
Il se rendit compte que cette institution a commencé à obtenir annuellement un stand spécial pour présenter ses publications, et le nombre de livres publiés en amazigh et sur l’amazighité a augmenté, en particulier après la création de filières, de masters et d’une filière d’études amazighes depuis 2006, ainsi que la création de l’Alliance « Terra » pour les livres en amazigh en 2009, dans un contexte politique caractérisé par la reconnaissance de l’amazighité, en particulier après qu’elle soit devenue une « langue officielle » dans la Constitution de 2011.
Cependant, souligne-t-il, le visiteur du salon lors de ses deux dernières éditions (27 et 28) et même un peu avant, remarquera l’impact du temps de reconnaissance de l’amazighité sur l’identité visuelle du salon, où la présence de l’écriture en amazigh est visible dans toutes les indications à l’intérieur du salon, ainsi que dans les institutions officielles (ministères, institutions nationales, universités, etc.). En revanche, elle est absente sur les panneaux des autres exposants, qu’il s’agisse de maisons d’édition, d’associations ou d’institutions étrangères, ce qui exige des responsables, revendique-t-il de travailler à l’avenir pour généraliser l’écriture en amazigh aux côtés de l’arabe dans tous les stands du salon.
Mais ce qui est encore plus frappant pour M. Bouyaacoubi, c’est la faible présence des livres en amazigh dans les stands des exposants. Pour lui, l’identité visuelle du salon reflète, certes la reconnaissance de l’amazighité, mais les rayonnages des stands ne rendent pas compte des avancées réalisées dans ce domaine.
la remarque principale qui saute aux yeux pour ‘M. Bouyaakoubi’ a été la non- concordance des colonnades dédiées à « l’écriture Amazigh » avec les réalisations accomplies à ce niveau. Il a aussi remarqué l’absence d’associations telles que : ( AMCC ) ,’ Tamaynout’. Ces deux institutions qui ont joué un rôle crucial dans la préservation de la culture Amazigh. La revue Adlis et l’Alliance ‘Tirra’ , les seules présentes dans cette édition.
Certes, on peut trouver quelques stands dédiés aux publications en amazigh souligne-t-il, mais leur nombre est insignifiant par rapport à la diversité des stands présents. De plus, la plupart de ces stands sont occupés par les institutions officielles qui publient des ouvrages académiques , plutôt que par des maisons d’édition proposant une littérature amazighe variée et contemporaine. Il est regrettable constate-t-il que les auteurs amazighs, qui ont enrichi la scène littéraire marocaine avec leurs œuvres, sont souvent relégués à l’arrière-plan dans ce salon.
Bouyaakoubi aurait aimé voir des ouvrages académiques approfondis sur la langue amazighe, son évolution, sa grammaire et sa structure. Il aurait aussi souhaité trouver des livres qui traitent des mouvements culturels amazighs, de l’histoire de la résistance et il aurait également aimé trouver des études contemporaines sur la préservation de l’identité amazighe.
Le jeune écrivain anthropologue comprenait que la culture amazighe était en constante évolution et qu’elle possédait une richesse d’informations et d’histoires, mais elle est restée largement sous-représentées dans le salon du livre à Rabat.
En ce qui concerne le programme culturel, Bouyaacoubi pense que les réalisations de l’amazigh au Maroc méritent une plus grande présence afin que l’exposition devienne une ‘vitrine’ internationale pour promouvoir le modèle marocain dans la gestion de sa diversité linguistique et culturelle. Il est une fois de plus confirmé que le livre amazigh reste marginalisé et n’a pas encore trouvé sa place auprès des maisons d’édition bien établies, ce qui reflète peut-être pour lui un manque de valorisation de reconnaissance de cette culture par l’industrie du livre et aussi par la société civile en générale.
Alors, ce jeune écrivain est convaincu que ce manque de soutien des maisons d’édition renforce l’idée que les livres amazighs sont souvent relégués à un statut secondaire. Cela limite leur diffusion et leur accessibilité auprès du public. Pourtant confirme-t-il, la littérature amazighe est riche en histoire, en poésie et en connaissances, et elle mérite d’être promue et partagée à l’échelle internationale.
En quittant le salon du livre, le jeune écrivain anthropologue espérait que les futurs événements littéraires offriront une meilleure représentation des acquis de la culture amazighe, contribuant ainsi à une plus grande appréciation et compréhension de cette partie intégrante de l’identité marocaine.
De plus, il est essentiel conclut-il, d’accorder une plus grande visibilité à la culture amazighe dans les expositions et les événements culturels, pour sensibiliser davantage le public à la richesse et à la diversité culturelle du Maroc.