Dans le cadre des journées d’études « Langues et Littératures marocaines » organisées par le Laboratoire LLCI (FLSH Agadir), M. Ayad Alahyane, professeur chercheur à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaine, Université Ibn Zohr Agadir et écrivain en amazighe a présenté une communication intitulée »
» L’ Enfant d’Ighoudi ou le récit d’un voyage dans l’espace et le temps »
L’ étude en question a porté sur les points suivants:
– La configuration spatiale et temporelle du roman L’ Enfant d’Ighoudi, du romancier marocain Abdelkhaleq Jayed, publié en 2020.
Ayad Alahyane a mis en exergue la structuration du roman en configurations et sous-configurations spatio-temporelles qui dans leur majorité sont intimement liées à des périodes particulières de la vie du personnage principal Amnay et secondairement aux autres personnages. Il a également souligné quelques techniques utilisées par l’auteur pour donner au récit sa poéticité et une dimension sensorielle au roman, propice à l’imaginaire et à l’émerveillement.
-Des espaces vécus par Amnay lors de son voyage et durant son arrivée à Ighoudi, ou des espaces remémorés, le lecteur est transporté par la magie des mots et du style découvrir des espaces chéris comme la terrasse du café Tilelli, violents car ils ont exercé sur lui une sorte de violence symbolique comme Ighoudi assimilé à une prison, ou des espaces d’épanouissement qui ont contribué à sa formation comme sa chambre d’enfance ou Paris.
Alahyane a souligné dans ce point, les moments meilleurs ou violents vécus par Amnay, et a montré comment ces espaces ont contribué à la formation de sa personnalité, et le développement de ses qualités entre autres celle d’une observation des faits et scènes de son entourage pour nourrir sa curiosité, sa soif de découverte, et par la suite les exagérer, les transfigurer par l’acte scriptural.
– il a aussi présenté l’architecture temporelle du roman en termes de chronologie et d’anachronie avec une prédilection aux analepses, ce qui donne au récit un caractère rétrospectif dominant.
Dans ce point , le chercheur a mis l’accent sur l’effacement sporadique ou durable et le resurgissement chronologique et a insisté sur les aspects prospectifs et surtout rétrospectifs qui impliquent une revisite du passé, à travers l’utilisation d’analepses ou flashbacks.Il a montré également, des exemples à l’appui, que la remémoration est structurante du récit et lui confère sa poétique narrative, et comment elle sert à construire l’identité narrative des certains personnages comme Kada Moustaj.
Il a mis en évidence l’utilisation de l’auteur de la remémoration pour faire des retours en arrière à des fins factuels en revenant sur certains évènements antérieurs qui expliquent des états du présent d’Amnay ou créer des atmosphères particulières qui permettent d’emmener le lecteur aux origines de certains faits. La remémoration est un outil narratif essentiel dans l’oeuvre elle permet une immersion totale dans l’univers du roman.
Bref, le lecteur du roman L’Enfant d’Ighoudi, se sent emporté et bercé par des va et vient entre passé et présent du personnage, à la découverte des univers différents, des espaces différents, des mentalités endurcies par des dogmes venus du ciel ou hérités des ancêtres qui s’opposent aux aspirations à la liberté des êtres. Le lecteur se voit plongé aussi interpelé par des questions et des réflexions profondes sur des faits de société. Le roman lui offre un voyage unique à travers le temps et l’espace,conclut Ayad Alahyane.