Halimi Abdallah ([email protected])
Pour la première fois, la Coupole de l’Institut de France a accueilli la cérémonie annuelle des Grands Prix des fondations, un moment essentiel dans la vie de l’Institut. A cette occasion, l’Association Migrations et Développement (M&D), ONG franco-marocaine, a eu l’honneur de recevoir, lors d’une cérémonie tenue le 18 juin 2025, le Grand Prix de la Fondation Luciole d’une valeur de 100.000 euro.
Cette récompense est « un prix récompense des actions sociétales ou des recherches scientifiques contribuant à la transition écologique, en France comme à l’étranger. Pour un avenir solidaire et durable, la Fondation Luciole s’attache ainsi à récompenser des projets initiant des changements profonds permettant de limiter l’impact des humains sur l’environnement », (Tatiana Giraud, membre de l’Académie des Sciences, présidente du jury du Grand Prix Luciole).
Ce grand Prix récompense le projet mené par M&D : « Agir pour le Siroua » sur la Massif de Siroua au Centre Sud du Maroc « qui face à une sécheresse persistante qui met en péril leurs ressources en eau, leur économie agro-pastorale et leur patrimoine culturel. La fragilisation des écosystèmes réduit les moyens de subsistance des populations locales et favorise l’exode rural ».
Pour faire face à cette situation fragile, Migrations & Développement apporte depuis 6 ans une réponse concrète à travers un modèle de développement territorial durable : Agir pour le Siroua une action pilote réalisée à Hloukte, un village de 513 habitants, a porté sur la protection de la biodiversité, la gestion durable et équitable des ressources, et une transition écologique s’appuyant sur des chartes traditionnelles et une gouvernance inclusive.
Cette action louable menée par M&D repose sur plusieurs piliers :
- La gestion de l’eau : la construction d’un petit barrage a permis une irrigation régulière et a favorisé la régénération de la végétation. Elle s’est accompagnée d’aménagements de bassins versants, réalisés par les villageois au moyen d’ouvrages légers, peu coûteux et facilement reproductibles ;
- La transition écologique en agriculture : la formation des agriculteurs à des techniques durables (compostage, semences résistantes à la sécheresse… ;
- La protection de la biodiversité : la création de 400 hectares de zones protégées et la plantation de 300 000 noyaux d’arbres résistants plantés, renforçant ainsi les habitats naturels et protégeant la biodiversité locale ;
- Le renforcement de la gouvernance: l’intégration des communautés locales dans la gouvernance des communs est basée sur des pratiques coutumières de gestion partagée et des formations inclusives.
L’impact du projet à Hloukte est déjà significatif : la densité de végétation a été multipliée par 20 et la population d’insectes a doublé. Les revenus des agriculteurs ont augmenté grâce à une autoproduction accrue et à la réduction des dépenses en intrants.