Agadir 24 (Article autorisé de Mme Bouchra KIBBOU)
Héritier de la dynastie chérifienne alaouite, le roi Mohammed V est désigné comme sultan en 1927 par les autorités françaises. L’œuvre coloniale devait continuer dans la ligne droite de l’occupation, et se réclamant même de l’héritage du maréchal Lyautey qui vouait un respect plus que scrupuleux à la monarchie et aux traditions marocaines. Le sultan Mohammed V s’impose par son charisme hors du commun et sa facilité à communiquer et à capter l’attention de son peuple et de ceux qui l’entourent. Véritable leadership des temps modernes il a su se faire entendre et lutter sans relâche pour libérer son royaume et son peuple malgré les nombreux complots à son insu.
En 1928, Mohammed V entreprend une visite en France et sera reçu avec tous les honneurs de son rang par le président Gaston Doumergue . Il renforce son réseau en multipliant les contacts et arrive à faire briller son image où qu’il se trouve, conscient que son peuple a besoin de lui et qu’un changement est plus que nécessaire pour avancer, par les réformes, le progrès, le sultan Mohammed V a toujours été à la hauteur des différents challenges qui se sont imposés à lui pour libérer son royaume.
Il est important de préciser que le Maroc était encore un protectorat français, dirigé de Paris bien sûr mais représenté par un Résident à Rabat qui, administrait le Maroc et était doté de tous les pouvoirs politiques, institutionnels, décisionnels et militaires. En 1929, sa femme met au monde le magnifique Moulay el Hassan, qui porte symboliquement le prenom de son grand père, le sultan Moulay El Hassan 1er. Moulay el Hassan va apporter à son père un immense soutien et sera à ses côtés tout au long de sa vie pour l’encourager et s’inspirer de sa force et de son courage.
Avec une immense volonté d’apprendre et de se cultiver, le jeune prince, acharné, va étudier la politique, la grande stratégie et affronter le pouvoir colonial, avant de libérer le Maroc. C’est un groupe de savants qui se rend à Meknès où ils seront recus par Sidi Mohammed, ils lui proclament les paroles suivantes : « notre roi, Dieu vous glorifie, vous êtes notre roi et notre Amir al-Mouminin». Mohammed V a été très touché et ému par ces paroles,à partir de ce moment c’est une grande page de l’histoire qui s’ecrit pour le Royaume du Maroc. Théodore Stegg, résident général ayant succédé à Lyautey, agrégé de philosophie et membre du mouvement radical-socialisme, se résoudra alors à ce choix malgré lui.
Pour parvenir à l’indépendance, des leaders des classes éduquées fondent differents partis politiques: : le Parti de l’Istiqlal, le Parti populaire qui deviendra le Parti démocratique de l’indépendance (PDI) et qui, sous la direction notamment de Mohamed Cherkaoui. La libération ! Ce mot tabou n’avait-il pas pris une valeur de proclamation officielle le 11 janvier 1944, lorsqu’un groupe de 44 personnalités nationalistes avaient publié le fameux Manifeste de l’Indépendance. Le Protectorat voyait une collusion objective entre le roi et les signataires qui sont arrêtés les uns après les autres.
En 1944, le roi Mohammed V est sur tous les fronts pour permettre à son pays de prendre son envol et de trouver les meilleures alliances pour soutenir la cause la plus chere à ses yeux pour libérer son pays. Le monarque soutient le mouvement de l’Istiqlal avec son fils, le futur roi Hassan II à travers le fameux discours de Tanger.
Le roi Mohammed V réclame haut et fort l’indépendance du Maroc en 1947 lors du célèbre « Discours à Tanger ».
Le complot contre Mohammed Ben Youssef démarre avec Alphonse Juin, général de la Deuxième Guerre mondiale, nommé résident à Rabat en février 1951. Lui, veut annuler le statut de protectorat et transformer les provinces du Maroc en autant de départements français. Deux ans plus tard, le général Juin est rappelé à Paris, il fait nommer un autre général, Augustin Guillaume, militaire qui commettra l’irréparable en déposant le sultan. Le 20 août 1953 signifie la sinistre date de l’exil forcé du Roi Mohammed V en Corse et par la suite à Madagascar. De son exil à Madagascar, le sultan Mohammed milite aussi pour la fin du colonialisme. Il fait la grève des sceaux afin de ne plus donner de sanctions royales à des projets de loi.
À Fès, le peuple descend dans la rue pour crier son attachement et sa fidélité au sultan Mohammed V. Le 2 mars 1956, le protectorat français prend fin au Maroc. C’est l’aboutissement d’une longue marche du pays vers son indépendance, marquée de différentes luttes populaires. Dès le début du 20e siècle, les Marocains de toutes classes aspirent à la souveraineté de leur pays.
Un groupe de jeunes nationalistes, dont Allal El Fassi, Mohamed Hassan Ouazzani, Mekki Naciri, Omar ben Abdeljalil entres autres, rédigeront en décembre 1934 un texte revendicatif, intitulé le plan de réformes, qu’ils soumettent au roi et au chef du gouvernement français et à son représentant à Rabat. La lutte continuera de plus belle et le sultan prononcera en avril 1947 à la Mandoubia de Tanger où, accompagné de tous ses cinq enfants, il posera officiellement la revendication de l’indépendance du Maroc.
Tout est mis en place pour destituer le roi Mohammed V et de mettre à sa place un autre roi, en remettant en cause le titre de Amir al-Mouminine de Mohammed V. En février 1953, les prémices de ce qu’on appellera le coup de force contre le sultan sont réunies.
« Le régime du protectorat a été accepté par mon oncle Moulay Hafid, puis par mon père Moulay Youssef, et l’est aujourd’hui par moi-même comme une transition entre le Maroc d’autrefois et un Etat libre et moderne. Après les événements d’hier et avant ceux de demain, je crois le moment venu d’accomplir une étape vers ce but. C’est ce que mon peuple attend ». Mohammed V (tome III des Mémoires, du livre « Le Salut »).
« Nous nous réjouissons de pouvoir annoncer la fin du régime de tutelle et du protectorat et l’avènement d’une ère de liberté et d’indépendance», Feu S.M. Mohammed V qui avait annoncé la fin de la période coloniale et le recouvrement par le Maroc de son indépendance et de sa souveraineté,
En 1955, le roi Mohammed V est rappelé à ses fonctions, le 18 novembre 1955 marque le triomphe de Mohammed V. Même après son exil, le roi Mohammed V continuait d’être soutenu par le peuple marocain jusqu’au 16 novembre de la même année, jour où le président du Conseil, Edgar Faure, le reconnaisse à nouveau comme étant sultan du Maroc. Ce jour-là, Mohammed V fut accueilli de manière triomphale. Après quoi, il célèbre la prière du Vendredi et prononce un discours appuyant l’entrée du Maroc dans l’ère moderne. L’indépendance fut officiellement prononcée le 2 mars 1956. Le sultan Mohammed V est alors rentré d’exil et est devenu le roi du pays.
Le 7 avril 1956, les Espagnols redonnent aux Marocains les régions du pays qu’ils contrôlent, la ville de Tanger, qui avait un statut international depuis la fin du 19e et le début du 20e siècle, redevient pour sa part Marocaine le 21 octobre 1956. Le célèbre manifeste de l’indépendance du 18 novembre est un jour très sacré pour les citoyens marocains à travers le monde pour célébrer cette page importante de l’histoire du Maroc, qui grâce au manifeste de l’indépendance a pu acquérir sa modernité et sa liberté pour vivre en paix. En ce jour de commemoration de la fête de l’Indépendance, souvenons nous de tous ceux qui ont donnés leur vie, leur fortune, leur jeunesse, pour libérer leur patrie, qu’ils reposent tous en paix.
Bouchra KIBBOU